La vache: “Diagonales des fous” s’est revelée être une sacrée longue course! Je savais que le tracé était long de 173km avec 10.000 mètres de dénivelée, mais je n’étais vraiment pas préparé au fait que je mettrais plus de 31 heures à finir la course. Je suis décu de ma performance mais satisfait d’avoir malgré tout pu terminer la course.
La preparation de la course s’est déroulée comme je l’avais prévu. Je suis arrivé dans la zone de depart un bon moment avant le départ jeudi soir. L’ambiance était indescriptible et incroyable, les rythmes exotiques crachés par les haut-parleurs mélangés au son et image de la television retransmettant en direct l’évènement. Je déposais mes deux sacs de ravitaillement aux organisateurs et vérifiais mon équipement. Après un court moment d’attente je rejoigni la zone élite jusqu’au depart à 22h30.
Vidéo des heures précédant le départ jusqu’au coup de feu du départ. Il y avait apparemment 30.000 personnes qui ont assisté au départ
Le rythme fut très élevé dès le départ! J’ai couru les premiers kilomètres sur l’asphalte en dessous de 4 minutes au kilomètre (environ 17 km/h). Ma tactique était d’attaquer fort et de rester au contact des meilleurs au départ car j’avais entendu dire que le tracé devenait très étroit après quelques kilomètres et qu’il pouvait y avoir des bouchons aux abords du deuxième point de passage. Je suis donc resté dans le peloton de tête les quinze premiers kilomètres. L’ambiance du peloton était bonne et la chaleur nous accompagnait, je penses avoir bien négocié les premières difficultés lorsque le tracé devint plus pentu. Je m’apercois après coup que ce n’était pas nécessaire d’attaquer sur un rythme aussi élevé dès le départ. Beaucoup de ceux qui me précèdent à l’arrivée étaient plus loin au départ et n’ont eu aucun problème lorsque le parcours devenait plus étroit.
Après environ 20/25 kilomètres les meilleurs reussirent à faire le trou de plusieurs dizaines de mètres. Je décidais (heureusement ) de ne pas essayer de combler le trou. Je continuais donc à mon rythme. De temps en temps j’apercevais les lampes frontales des coureurs à l’avant et je compris que mon rythme était suffisant. Mais le vent soufflait et la temperature était tombée (5 ou 6 degrés au dessus de zéro), il était donc nécessaire de garder un rhytme haut et de rester chaud. Après 40 kilomètres on arriva au ravitaillement du Piton Textor à 2265 mètres d’altitude. Un bénévole local, Lukas Gracias, me donna un gel et je continuais jusqu’au prochain ravitaillement aux 50 kilomètres. Une demie-heure avant d’atteindre les 50 kilomètres la pluie commenca à tomber fortement. La combinaison de forte pluie et de vent fit que je me refroidi rapidement et cela m’inqiuétait. Après réflexion je décidais d’attendre pour me changer à l’abri et au chaud au prochain ravitaillement.
Vidéo ainsi que quelques photos depuis le départ jusqu’à mon passage au 40 et 50 kilomètres.
Après le passage au 50 kilomètres le parcours devint beaucoup plus technique. Je me suis alors mis à courir auprès d’un local et je le suivi pendant plusieurs heures. La météo ne s’arrangea pas, et le rythme tomba fortement. Pourtant je penses que c’était une bonne chose que le rhytme tomba car je sentais que je n’avais pas les jambes que j’espérais. Aux passage des 65 kilomètres à Cilaos j’étais en septième position. À partir de là beaucoup de concurrents me rattrapèrent et me dépassèrent. Je ne reussi pas à rattrapper un seul coureur, mis à part ceux qui abandonnaient ou avaient des problèmes ou étaient blessés.
Le plus étrange était que j’avais du mal autant à la montée qu’en descente. D’habitude mon point fort est la montée mais là j’étais distancé aussi à la montée. J’ai pensé à abandonner à plusieurs reprises mais je repris heureusement le dessus rapidement sur mes pensées. Je me suis dit: ”je ne suis pas blessé et je bouges et je continues à avancer, il n’y aucune raison pour abandonner!”. Les cent derniers kilomètres ont été une bataille pour rallier l’arrivée. Je me fixais des objectifs pour atteindre chaque ravitaillement, et essayait de penser positif le plus possible.
À Sans Souci au 133e kilomètre je rejoignais le francais Renaud Rouanet . Il m’avait dépassé environ au 70e kilomètre, mais avait marqué le pas les 65 derniers kilomètres. Renaud ne parle pas beaucoup anglais mais je compris qu’il avait déjà couru ici auparavant. Nous decidions de courir ensemble le reste du parcours en essayant de se motiver du mieux que l’on pouvait. Le plus frustrant était de se faire rejoindre et dépasser par des concurrents revenant de derrière, au bout d’un moment je me suis dit ”Peu importe le classement je veux juste finir cette course!”
Après 31 heures et 9 minutes Renaud et moi passions finalement la ligne d’arrivée dans le stade de Saint Denis. Après deux nuits sans sommeil j’étais complètement dans le brouillard et c’était indescriptiblement bon de passer la ligne d’arivée.
Aujourd’hui, quelques jours après l’arrivée je ne sais toujours pas pourquoi je n’ai pas reussi à faire mieux que cela. Mais, j’ai quelques théories:
- Diagonales des fous s’est-elle déroulé trop près de l’UTMB. Je ne le crois pas moi même, car je connais mon corps et je sais que j’avais récupéré comme je le devais.
- J’ai du effectuer cette course sans assistance ou équipe à mes côtés. C’est un long voyage jusqu’à la Réunion et je n’ai pas les moyens d’emmener mon équipe habituelle. J’ai du donc avoir plus de poids dans mon sac afin de prendre ce don’t j’avais besoin. J’ai du également me contenter de ce que les organisateurs avaient prévu sur les ravitaillements (de l’eau et du coca-cola). Cela m’a surement penalisé mais pas plus qu’une heure ou deux sur la totalité de la course. Les Meilleurs avaient leur équipe sur les ravitaillements.
- Mentalement j’avais mis fin à ma saison bien avant la Diagonale des fous. C’est une théorie à laquelle j’adhères complètement. Cette course n’était pas prévu mais j’ai eu l’opportunité d’y participer et j’y suis allé. Mais je penses que ma tête n’était pas preparée à ce que mon corps endure une nouvelle épreuve de plus de cent kilomètres.
Bien que ce ne fut pas un succès à la Réunion il y a beaucoup d’aspects positifs à retenir:
- J’ai encore terminé une course de plus de 173 kilomètres, l’une des plus dure au monde. Beaucoup de favoris ont abandonné, certains d’entre eux déjà au bout de 25 kilomètres.
- Mon corps est toujours en parfaite santé et je ne suis pas blessé.
- Mis à part une ampoule le reste de mes pieds est en bon état.
- J’ai mangé et bu comme je l’avais prévu sans aucun problèmes intestinaux. Un seul arrêt aux toilettes ce qui est bien compte tenu du fait que j’étais en course pendant 31 heures.
Le plus important dans tout cela est que après les Diagonales des fous j’ai maintenant trois résultats comptant pour l’Ultra-Trail World Tour. Je suis très fier de ma septième place au general de ce classement!
Équipement:
- La Sportiva Helios (chaussures). Les chaussures ont bien fonctionnées, sur ce parcours technique elles sont surement trop légères et peu renforcées. J’ai buté sur des racines/cailloux plusieurs fois et c’était très douloureux!
- Chaussettes Injinji Trail 2.0 Elles ont fait parfaitement le travail. Une seule ampoule au terme de la course.
- CEP leggings.
- Pearl Izumi short et cuissard «Pierre Robert». J’ai utilisé le cuissard cette fois ci sous mon short car j’avais eu des problèmes de frottements pendant l’UTMB. Cette fois ci aucun problème.
- T-shirt North Face.
- Haut manches longues WAA.
- Veste Norrøna. Cette veste fonctionna bien mais un peu légère à cause de la forte pluie, j’aurais du utiliser la veste de pluie que j’avais lors de l’UTMB.
- Buff WAA.
- Sac à dos S-lab Salomon. Mon compagnon de toutes les courses.
- Lampe frontale Petzl Nao. Fantastique lampe frontale, j’avais deux batteries de rechange, je n’en ai utilisé qu’une seule.
- Montre Garmin Fenix 2.
Supléments nutritionnels pendant la course:
- Gel GU et Cliff toutes les demie-heure.
- Tailwind Nutrition au départ et après mes sacs de ravitaillement.
- Eau et Coca par les organisateurs.
- Chips, bananes et soupe chaude.
PS: Les organisateurs avaient décidé que nous devions utiliser leurs Tshirts au départ et à l’arrivée. C’est la raison pour laquelle j’ai d’autres vêtements que ceux que j’utilise habituellement sur certaines des photos.
Merci à tous ceux qui m’ont suivi le long de la course et un grand merci aux Réunionnais qui ont organisé un grand évènement en restant très professionnels.